Didier Dastarac nous transmet
ci-dessous des renseignements complémentaires sur les parents d'Henri
Wallon et quelques extraits de lettres.
NOTE SUR LES PARENTS d’HENRI WALLON
« Martin, Alexandre WALLON était secrétaire de M. de BARNEVILLE,
commissaire des guerres à Coblentz, lorsqu’il épousa le 11 JUILLET
après de longues fiançailles, Melle Fébronie CAFFIAUX. Cette dernière,
troisième enfant d’une famille de treize enfants, avait en effet
longtemps hésité à se marier, craignant de laisser à sa mère, Jeanne
CAFFIAUX-CHEVAL, toute la charge de ses plus jeunes frères et sœurs,
dont elle s’occupait presque seule avec le plus grand dévouement.
Dans les premières années de mariage, au cours de cette période
troublée de la fin du 1er Empire, les fréquentes absences imposées à
Martin WALLON par ses fonctions auprès de M. de BARNEVILLE, furent
particulièrement pénibles à la jeune femme.
En 1815, alors que Martin se trouvait à Guisne, encore loin d’elle,
restée seule avec ses deux enfants dans Valenciennes cernée, puis
assiégée par les armées alliées, ses inquiétudes pour son mari, pour
elle-même et pour ses enfants étaient si vives qu’elle ne cessait dans
ses lettres de le supplier de renoncer à ses fonctions, de revenir au
plus vite auprès d’elle et de ses enfants : « les deux plus
beaux petits enfants du monde », et de chercher un emploi plus
stable, même s’il devait moins gagner.
Cédant aux instances de « sa chère Féfé », Martin WALLON dut
se résigner à quitter M. de BARNEVILLE pour accepter la direction des
Messageries de France LAFFITTE-et-CAILLARD à Valenciennes où, dès lors,
il resta définitivement fixé. (Extrait d’une notice sur H. WALLON).
D’après ma mère, Martin WALLON, quand il était directeur des
Messageries, occupait la grande maison, rue Capron, à Valenciennes, en
face de l’Hôtel de la Caisse d’Epargne, où j’ai passé ma
jeunesse. »
Louis
MENIELLE, in « Les CAFFIAUX, notes biographiques et généalogiques
sur les descendants des époux CAFFIAUX-CHEVAL », 1964.
Extraits de lettres écrites à Henri WALLON par sa mère et par Sophie JANNET, sa sœur
« 7 août 1833
(Henri avait parlé d’un Monsieur BERNARD qui avait annoncé sa visite.
Sophie soupçonne ce jeune homme qui est « un jeune homme d’esprit
dont la conversation à beaucoup plu à Henri » d’avoir été un
émissaire dans l’intention « de faire renaître en toi les
anciennes idées que tu as nourries assez longtemps ». Sophie lui
demande de lui répondre « comme un frère répond à sa sœur avec une
franchise entière, sans arrière-pensée, si ce jeune homme était venu
dans l’espoir de le décider à entrer dans la carrière qu’il a
embrassée… »
Féfé continue : « Cher enfant, je ne prolongerai pas le sujet
dont ta sœur t’a parlé ici plus haut ; tu connais ma manière de
pensée (sic) à cet égard et combien tu me rendrais malheureuse si je te
voyais persister dans une idée si contraire à nos volontés. Cependant
crois bien que de toutes les vertus qui te parent, celle que j’estime
le plus en toi, c’est la religion. Elle est si bien entendue, si bien
comprise, dans tous ses préceptes, qui veut tolérance et indulgence
pour toutes les erreurs, que je ne crains pas de dire que tu peux faire
beaucoup de bien à notre religion par la douceur de tes sentiments.
Mais cette belle morale a bien plus de poids dans la bouche d’un
particulier sur la multitude que dans la bouche d’un prêtre, où l’on
voit l’obligation du langage.
Je te dirais que ce qui m’a porté à me mettre en tête toutes ces idées
sur une visite que ce jeune prêtre t’a faite, c’est que je me rappelle
que je t’ai toujours vu entourés de camarades exaltés par la prêtrise.
Aujourd’hui que par la mort du jeune DUBOIS, je te vois exempt de toute
influence, je vois qu’on met à ta poursuite un bien plus dangereux par
la réunion du mérite au savoir. Mr. BERNARD pourrait bien être un
envoyé de cette société de congréganistes pour faire un prosélyte d’un
homme de mérite comme j’ai la conviction que tu deviendras.
Mon bon ami, marche libre dans ta carrière ; tu n’as pas besoin
d’un engagement pour remplir des devoirs que tu aimes, et laisse ta
mère heureuse jusqu’à son dernier jour, en lui ôtant de son esprit
cette inquiétude qui me tourmente. Je compte bien plus sur la bonté de
ton cœur pour moi que sur tous les raisonnements qu’on pourrait te
faire… »
Le 16 août 1833
Henri répond à la lettre du 7 août, ayant été très ennuyé pour son premier examen de littérature française…
« …Vous avez cru sans doute qu’en différant de vous écrire je
voulais esquiver la réponse à cette fameuse lettre? Soyez sûres que vos
craintes sont totalement dénuées de fondement; pas un seul mot n’a été
lâché sur ce chapitre. Il faut que vous ayez l’imagination bien frappée
pour supposer qu’on ne puisse parler que de cela! Si la société de ce
jeune homme m’a été si agréable, c’est parce qu’il m’est toujours doux
de converser avec des amis aussi purs et je vois avec bien de la peine,
Maman, que vous avez l’air de vous applaudir de la mort d’un de mes
amis les plus chers. Soyez sûres, du reste, que je ne céderai sur ce
point à des influences étrangères. Ma vocation m’est personnelle; c’est
de moi seul qu’elle doit être entendue… »
Lettre d’Henri WALLON à son cousin Henri CAFFIAUX
Le 9 juin 1850
« Mon cher Henri,
Je t’apprends si tu ne l’as pas encore su par DIDIER, que j’ai donné
hier ma démission de représentant. Je lui en ai longuement exposé les
motifs qu’il pourra te communiquer. En deux mots, je n’avais pu voter
la loi électorale pour un seul point qui ne me paraissait pas conforme
à la Constitution. Mais dans le public, on ne distingue pas les
nuances, ni les motifs de l’opposition. Qui n’est pas avec la majorité
est avec les montagnards. N’ayant pu être sur une question aussi grave
avec la majorité, ne voulant point avoir l’air d’être avec les
montagnards, je me retire. J’aime mieux m’effacer que de paraître aux
yeux de certaines personnes dans les deux camps.
Le Moniteur, je ne sais pourquoi, a oublié de mentionner ma
démission au compte-rendu de séance. Mais le secrétaire de la
Présidence que je viens de voir m’a affirmé qu’elle avait été
communiquée à l’Assemblée. Je t’envoie copie de la lettre que le
Moniteur aurait dû publier. Communique-la au Courrier et à l’Impartial,
en voyant les rédacteurs de ma part. Je viens de le faire directement à
M. DINAUX.
Adieu, je t’embrasse de cœur, »
Henri WALLON