Jeanne d'Arc

    Réexaminer de près la Jeanne d'ARC d'Henri WALLON, parue en 1860 et rééditée six fois jusqu'au début du XXe siècle, telle est l'invitation dans un article convaincant et très bien référencé de l'historien Philippe CONTAMINE. L'auteur de l'article va jusqu'à confier son regret de ne pas avoir créé une entrée « WALLON » dans son Jeanne d'ARC histoire et dictionnaire, qu'il fit paraître voici quelques années avec deux de ses jeunes collègues...
    Élève de Jules MICHELET, WALLON, rappelle Philippe CONTAMINE, fut interrogé comme grand témoin lors du procès de béatification de Jeanne en 1909. Dans le but de le voir nommé professeur, après avoir été l'assistant de son maître, Henri WALLON se voit recommander par lui auprès du ministre Victor COUSIN en ces termes : « C'est un jeune homme religieux et grave. C'est vraiment le venerandus puer de VIRGILE »...
    Philippe CONTAMINE fait ensuite état de la brillante carrière d’Henri WALLON ; dès 1851, après sa démission de l'Assemblée nationale consécutive au coup d'État du Prince-Président et la loi restreignant le suffrage universel, WALLON devient veuf ; Hortense DUPIRE, qu'il avait épousée en août 1839, meurt en laissant six enfants. Retiré de la vie politique, il s'adonne à ses recherches historiques en plus de l'enseignement et de sa vie de famille. Il entreprend alors, après son travail sur l'esclavage antique (1847), une vaste enquête historiographique sur la perception de la figure de Jeanne d'ARC à travers les sources, et l'histoire. Ainsi WALLON donne-t-il une nouvelle impulsion aux études johanniques.
    À l'examen des procès de condamnation (Rouen, 1431) et de réhabilitation (1456), il se dégage de Jeanne la perception d'une jeune femme simple, indépendante, douée de bon sens et dotée d'une foi vivante, bref, tout le contraire d'une « sainte de vitrail » (Ph. CONTAMINE). C'est un « plaidoyer solide », rappelle Philippe CONTAMINE, que la Jeanne d'ARC d'Henri WALLON. Plaidoyer qui conduit à la béatification en 1909, puis à la canonisation en 1920, après que la République française eut renoué ses relations diplomatiques avec le Vatican. Voici presque cent ans...